La Disparition de Philippe de Dieuleveult 

Philippe de Dieuleveult Il animait La Carte aux trésors.

Le célèbre animateur du jeu télévisé « La chasse aux trésors » ne s’est pas noyé en août 1985 dans le fleuve Zaïre, mais a bien été victime d’une bavure. 

Alexis de Dieuleveult

C’est ce qu’affirme son neveu Alexis de Dieuleveult dans un nouveau livre où il dénonce un mensonge d’Etat.

Philippe de Dieuleveult

Le 6 août 1985, Philippe de Dieuleveult disparaissait mystérieusement, en tentant de franchir les monstrueux rapides d’Inga, sur le fleuve Zaïre. 

Autorités

Officiellement, selon les autorités françaises, l’animateur du jeu télévisé à succès « La chasse aux trésors » s’est noyé avec ses six camarades d’expédition, lorsque leurs deux catarafts, pris dans les flots déchaînés, se sont retournés. 

Frère

Mais très vite, un homme subodore qu’il s’est passé autre chose. Cet homme, c’est Jean de Dieuleveult, militaire de carrière et frère du disparu. 

Enquête

Durant trente ans, de 1985 jusqu’à 2015, année de son décès, il n’aura de cesse de mener l’enquête à propos de la mort de Philippe. 

Livre

Son fils, Alexis, sur la base des documents réunis par son papa, mais aussi celle de sa propre enquête, publie un nouveau livre.

Noyade

« Noyade d’Etat, la mort de Philippe de Dieuleveult » où il dénonce un énorme mensonge. Selon lui, et selon vous, que s’est-il réellement passé ce funeste 6 août 1985, au matin ? 

Rapides

Peu après le passage des rapides d’Inga, les deux catarafts où avaient pris place avec les sept membres de l’expédition Africa-Raft ont probablement été pris pour cibles par des militaires zaïrois. Ces derniers ont fait feu. Philippe a survécu à ces tirs.

Capturé 

Il a été capturé, interrogé et finalement exécuté. Quand les autorités se sont rendu compte de leur erreur, tout a été fait pour effacer cette bavure politiquement très gênante en faisant croire à un accident, à une noyade.

Terroristes

Pourquoi l’armée zaïroise aurait-elle tiré sur les membres de l’expédition ? Ses responsables croyaient avoir affaire à des terroristes venus s’attaquer aux imposants barrages hydroélectriques situés au bord du fleuve.

Télégramme 

Qu’est-ce qui a pu leur faire croire ça ? Parce que les services français avaient envoyé, peu avant un télégramme aux autorités zaïroises les informant d’une possible attaque des barrages d’Inga, par un commando cubain en provenance d’Angola se déplaçant en rafts sur le fleuve. 

Danger

En faisant cela, ils ont mis sciemment en danger les membres de l’expédition. 

Camion

Dans les heures qui ont précédé l’arrivée de Philippe et de ses camarades, plusieurs camions militaires ont déposé des soldats qui ont pris position au bord de l’eau. 

Africa-Raft

Il s’agissait sans doute de stoper Africa-Raft. Mais la situation a dégénéré. Mais pourquoi les autorités françaises ont-elles envoyé ce message trompeur ? Difficile à dire. 

Projet

Philippe avait sans doute un projet dans la région qui dérangeait les dirigeants français… Ils ont voulu l’empêcher de le réaliser et ça a dérapé. Rappelez-vous qu’à l’époque, il y avait des tensions entre l’Angola et le Zaïre. 

Reportage

Mon oncle, avait-il un projet de reportage, par exemple allé à la rencontre des opposants de Mobutu dans la région ? Quoiqu’il eût à faire, cela n’a pas été cautionné par les autorités françaises et zaïroises. 

Nerveux

Vous expliquez que lors de son dernier passage à Paris, peu avant de rejoindre l’expédition pour sa phase finale, Philippe était inhabituellement nerveux.

Angoissé

Oui, mon père lui avait parlé au téléphone et l’avait trouvé très nerveux, angoissé. Mon oncle ne « sentait » pas bien cette expédition. 

Inquiet

Plus tard, au Zaïre, un pilote qui avait effectué un vol de reconnaissance au-dessus, des rapides l’avait trouvé, lui aussi, inquiet. Comme absent… 

Espionnage

On a soupçonné Philippe de Dieuleveult de profiter de l’expédition Africa-Raft pour se livrer à des activités d’espionnage dans la région. 

Qu’en pensez-vous ?

Mission

Philippe de Dieuleveult était capitaine de réserve au Service action de la DGSE, Mais selon le ministère des Armées, il n’était absolument pas en mission au Zaïre. Il n’a d’ailleurs jamais effectué de mission opérationnelle, selon ce même ministère. 

L'animateur vedette de l'émission La Carte aux trésors est parti pour une expédition à haut risque sur le fleuve Zaïre.

Autorités

Dans votre livre, on découvre comment les autorités françaises ont voulu, à tout prix, faire croire à la théorie de la noyade. Et comment elles ont fait pression sur votre famille. Heureusement, mon père était un homme courageux. 

Cadavre

Il n’a rien lâché, pendant trente ans. Comme lorsqu’on nous a présenté un cadavre très abîmé retrouvé prétendument dans le fleuve Zaïre et identifié, après une autopsie menée là-bas, comme étant Philippe.

Corps 

Or, ce corps était mutilé au point qu’il n’avait plus de tête, plus de mains ni de pieds. Pas même de sexe. Autrement dit, sans signe d’identification possible ! Heureusement, mon père a fait pratiquer une seconde autopsie, en France. 

Spécificité

Philippe avait une spécificité osseuse qui a finalement permis de déterminer que ce fameux cadavre n’était pas le sien. C’était celui d’un Noir !

Un autre corps repêché

Présenté comme étant celui d’un autre membre de l’expédition, Guy Collette. Oui, mais le rapport d’analyse ADN qui a prouvé scientifiquement son identité (16 ans plus tard en 2001) ne collait pas avec les rapports de dentitions de Guy Collette. Aucun autre corps des membres d’Africa-Raft n’a jamais été retrouvé. 

Morts

Il y a pourtant eu sept morts, dans cette pseudo-affaire de noyade. Pourquoi cette thèse de la noyade s’est-elle imposée ?

Mensonge

Parce que personne n’a tapé du poing sur la table pour dire stop à ce mensonge. pour dire : « non, ce n’est pas une noyade, c’est une bavure militaire zaïroise ! »

Bavure

D’ailleurs, vous dites qu’au Zaïre, devenu la République démocratique du Congo, dans la région du drame, tout le monde semble connaître cette histoire de bavure. En effet, ça n’est pas un secret. On sait là-bas qu’il y a eu une bavure militaire. Mais on se tait. La loi du silence.

Hypothèse

En France, aussi, l’hypothèse de la bavure ne fait aucun doute.

Amiral 

L’amiral Lacoste, ancien patron de la DGSE, tient lui-même la noyade comme n’étant pas crédible et dit que la réalité est tout autre. Deux membres d’Africa-Raft n’avaient pas embarqué pour la descente fatale des rapides.

Militaires

À l’époque, les militaires zaïrois les avaient questionnés et isolés pendant de nombreuses heures. Oui, ils ont eu clairement l’impression qu’on voulait les empêcher de retrouver leurs amis, d’enquêter. 

Signer

Curieusement, on leur a fait signer un papier sur lequel, notamment, ils devaient reconnaître n’avoir pas entendu de coup de feu ! 

Morts

Ce qui pour une supposée noyade est un peu étrange. Des coups de feu ! On découvre en vous lisant qu’il y a eu beaucoup de morts dans le sillage de cette affaire. Sans tomber dans le complotisme, il y a eu effectivement des témoins qui ont disparu ou qui sont décédés.

OKito Bene-Bene

Vous faites référence dans votre livre aux déclarations d'OKito Bene-Bene, un ex-officier des services secrets zaïrois décédé aujourd’hui, qui affirmait en 1994 avoir assisté à l’exécution de Philippe de Dieuleveult. 

Propos

Mais les propos de cet homme avaient été mis en doute à l’époque. Oui, on avait cherché à le décrédibiliser. Mais mon père l’avait rencontré plusieurs fois.

Risques

Il était absolument certain qu’il disait vrai, sur certains points. Pourquoi ? Okito Bene-Bene, qui a pris des risques, lui avait confié des informations qu’il n’avait pu entendre que de la bouche de Philippe. 

Capturé

Ce qui démontrait, pour mon père, que son frère avait bel et bien été capturé vivant. Ce livre, c’est d’abord un hommage à Jean de Dieuleveult, votre père. Absolument. 

Combat

Écrire ce livre est pour moi donner un sens à son combat durant trente ans. À son décès, j’ai consulté tous ses documents. 

Preuves

Si je n’avais pas été totalement convaincu par les preuves s’y trouvant, je n’aurais pas écrit cet ouvrage. Vous savez, mon père n’en voulait pas à l’armée zaïroise. En revanche, il en voulait énormément aux autorités françaises de l’époque qui ont trahi son frère.

Lettre

Vous terminez votre ouvrage par une lettre ouverte au président de la République, lui demandant de faire éclater la vérité. C’est le bon moment. Il ne peut pas cautionner ce mensonge d’Etat, ça n’est plus possible, c’est intenable !

Emmanuel Macron 

Les choses ont changé. Emmanuel Macron n’étant pas un partisan de la politique  françafriquaine, il est temps de dire la vérité. 

Justice

Le moment est venu de rendre justice à mon oncle, Philippe de Dieuleveult.