Affaire Godard

L'ancienne maison du docteur Godard à Tilly-sur-Seulles (rénovée depuis l'époque du drame). - Philippe Bertin.

L'affaire Godard est la disparition, en septembre 1999, du médecin français Yves Godard, de sa seconde épouse et de leurs deux enfants. Riche en rebondissements, cette affaire d'ordre supposément criminel est l'une des plus mystérieuses de sa période. En laissant peu ou pas de traces.

Affaire 

L’affaire Godard débute comme un rêve de vacances et s’achève comme un cauchemar : le 1er septembre 1999, Yves Godard loue un voilier à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) pour quelques jours en mer avec les siens. Le lendemain, le « Nick » est contrôlé par les douanes. Puis, plus rien : on ne les reverra jamais vivants.

Yves Godard 

Yves Godard 44 ans, médecin acupuncteur installé à Caen. Elle, Marie-France, 43 ans, secrétaire du cabinet. Une famille recomposée, discrète, avec deux enfants en commun, Camille, six ans, et Marius, quatre ans. Et deux enfants chacun d’une première union, alors adolescents, restés à terre.

Membre

En dehors de son travail, Yves Godard est membre de la CDCA, un syndicat de défense des commerçants et artisans dénonçant le poids du système fiscal et des cotisations sociales, syndicat auquel sont imputés à une époque des placements offshore.

Voilier

Le 5 septembre 1999, le « Nick » ne revient pas à Saint-Malo comme convenu. Ce même jour, l’annexe du voilier est découverte, dérivant au large de l’île de Batz (Finistère).

Plaque du cabinet du docteur Yves Godard, mystérieusement disparu avec sa famille en 1999.

Gendarmes

Les jours suivants, les gendarmes procèdent à une perquisition au domicile familial, à Tilly-sur-Seulles (Calvados), à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Caen. Ils y découvrent d’importantes traces de sang qui s’avèrent similaires à celles trouvées dans le véhicule stationné à Saint-Malo par Yves Godard : le sang de Marie-France. 

Homicide

Le 10 septembre 1999, une information judiciaire est ouverte contre Yves Godard pour homicide volontaire sur son épouse, suivie, le 13, par un mandat d’arrêt international.

Objets

Comme égrenés à l’image du petit Poucet, les mois puis les années qui suivent voient régulièrement apparaître des objets appartenant à la famille ou au voilier, de part et d’autres de la Manche, parfois au mépris des courants.

Mer

Des objets qui semblent ne pas avoir souffert du long séjour en mer qu’ils sont censés avoir subi, comme s’ils avaient été jetés à l’eau peu avant leur découverte.

Pêcheur

Ainsi le 14 décembre 2008, presque 10 ans après la disparition, un pêcheur à pied va découvrir la carte d’assuré social du Dr Godard sur l’Île des Ebihens (Côtes-d’Armor)… en bon état.

Signalement

Peu après la disparition, des signalements font état de la présence d’Yves Godard et de ses enfants sur l’île de Man et aux Hébrides. Les signalements vont ainsi se multiplier au fil des années, en Crète (Grèce) ou encore à Miami (Etats-Unis) et jusqu’en Afrique du Sud. En vain. 

Chalutier

Mais, le 6 juin 2000, premier coup de tonnerre : un chalutier remonte un morceau de crâne qui se révèle être celui de Camille. La découverte a été faite au large d’Erquy (Côtes-d’Armor), dans le secteur où le « Nick » avait été contrôlé par les douaniers neuf mois plus tôt.

Rebondissement

Nouveau rebondissement, décisif cette fois-ci, six ans plus tard : la découverte, en septembre 2006 au large de Roscoff (Finistère), d’un tibia et d’un fémur identifiés comme étant ceux du Dr Godard.

Drame

Mais le drame n’est pas élucidé pour autant : ni le corps de la mère, Marie-France, ni celui du fils Marius, ni l’épave du « Nick » n’ont été retrouvés. Aucun mouvement de fonds n’a été enregistré sur les comptes de la famille après sa disparition.

Hypothèse

« La seule hypothèse que l’on peut exclure est que la disparition de la famille s’explique par un simple accident de mer », écrira le parquet en septembre 2012 en clôturant l’affaire, après 13 ans d’enquête, 84 commissions rogatoires, et un dossier de 30 tomes.

Homicide

« On ne peut affirmer formellement qu’Yves Godard est l’auteur de l’homicide » de son épouse, avait déclaré en clôturant le dossier le procureur de la République de Saint-Malo de l’époque Alexandre de Bosschère.

Dispute

Toutes les hypothèses restent ouvertes : de la dispute conjugale qui tourne au coup de folie, du suicide déguisé pour échapper à des soucis financiers, à l’assassinat sur fond de paradis fiscaux.

Avocat

L’avocat de la famille de Marie-France Godard opte lui pour « le suicide maquillé en naufrage ».