Jonathann Daval : la très discrète enquête des gendarmes

 

Jonathann Daval : la très discrète enquête des gendarmes

2000002982373Lors de l’ouverture du procès de Jonathann Daval, le 16 novembre 2020 à Vesoul. BENOIT PEYRUCQ/AFP.

Après la mort d’Alexia Daval, les gendarmes ont très vite été convaincus de la culpabilité de son mari. C’est ce qu’a expliqué le chef des enquêteurs, lundi 16 novembre 2020, à la cour d’assises de Vesoul.

Pression

Malgré la pression médiatique, les gendarmes ont gardé secrètes leurs investigations, tout en mettant trois mois avant d’interpeller Jonathann Daval.

Enquêtes

Dans les enquêtes criminelles, il y a parfois des policiers ou des gendarmes un peu trop bavards. Et puis, il y a des limiers du genre taiseux, qui mènent leurs investigations sans que rien ne filtre à l’extérieur. À l’évidence, l’adjudant-chef Franck Paredes fait partie de cette seconde catégorie d’enquêteurs.

Gendarmes

Tout comme les seize gendarmes de la section de recherches de Besançon qui, sous sa direction, ont traqué le meurtrier d’Alexia Daval, 29 ans, tuée en octobre 2017 à Gray-la-Ville (Haute-Saône).

Adjudant

En écoutant l’adjudant-chef Paredes, lundi 16 novembre, devant la cour d’assises de Vesoul, on comprend que dans cette « affaire Daval » ultra-médiatisée, où les fuites dans la presse ont été légion, certains secrets ont été fort bien gardés.

Indices

En particulier les indices qui, dès le début, ont convaincu les gendarmes qu’Alexia avait été tuée par son mari.

Box

Trois ans plus tard, c’est bien Jonathann Daval, cheveux courts et pull marin, qui est assis dans le box de la cour d’assises. Avec, Covid-19 oblige, un masque sur le visage, ce qui rend parfois difficile la lecture des émotions sur son visage. 

Premier

Surtout que, lors de ce premier jour d’audience, l’accusé n’a pas été incité à s’exprimer. Sauf pour donner son identité et répondre « oui » quand le président Matthieu Husson lui demande s’il confirmait être « seul impliqué dans la mort » de son épouse.

Adjudant

Celui qui a la parole, durant cette journée, c’est l’adjudant-chef Paredes. Et il raconte cette enquête qui a démarré le samedi 28 octobre 2017. 

Gendarmerie

Ce jour-là, un peu avant midi, Jonathann Daval se rend à la gendarmerie, en pleurs, pour signaler que son épouse, Alexia, partie courir vers 9 heures n’est pas rentrée. Le soir, à 18 heures, le mari est de nouveau entendu par les gendarmes. 

Problèmes 

Et là, il évoque les problèmes de son couple, leur difficulté à avoir un enfant et certains tracas de leur vie intime. Il leur dit qu’Alexia prend un traitement hormonal qui, parfois, la rend violente. 

Trace

Il montre aux gendarmes une trace de morsure sur son bras et une griffure sur son poignet. Tout en leur disant que ces blessures lui ont été infligées la veille au matin par son épouse.

2000002982373Jonathann Daval avec sa belle Famille.

Violence 

Cette supposée violence d’Alexia ne sera pas étayée lors de l’enquête. Mais ces déclarations de Jonathann Daval interpellent les enquêteurs.

Incohérences

Dans les jours qui suivent la découverte du corps de la jeune femme, ils comprennent que la version de son mari présente des incohérences. Tout d’abord, personne ce matin-là n’a vu courir Alexia.

Menti

Surtout, très vite, il apparaît que Jonathann a menti en affirmant que la veille, il s’est couché vers minuit avec sa femme.

Témoignage 

Car plusieurs témoignages humains et preuves matérielles donnent la certitude aux gendarmes que cette nuit-là, le jeune homme, censé être au fond de son lit, a en fait utilisé son véhicule professionnel.

GPS

Un tracker GPS dans son véhicule professionnel, installé par l’employeur de Jonathann Daval, a, en effet, été activé à plusieurs reprises. Le lendemain matin, il bip même à deux reprises près du bois où sera découvert le corps d’Alexia. 

Chemin

Et sur un chemin tout proche, les experts découvrent des traces de pneus identiques à ceux du véhicule de Daval. La piste du « mari » est plus que brûlante. 

Hypotèse

« L’hypothèse que le meurtrier est Jonathann Daval est alors fortement envisagée », avoue l’adjudant-chef Paredes à la barre.

Enquête 

L’enquête a été très vite fructueuse, mais d’une totale opacité. Une sorte de petite revanche pour la gendarmerie qui, des années après, garde toujours en elle la blessure d’une autre affaire tragique et très médiatisée : la mort de Grégory Villemin, en 1984.

Investigations

À l’époque, les gendarmes des Vosges avaient mené les premières investigations, sans jamais arriver à semer les journalistes qui suivaient tous leurs déplacements et étaient au courant quasi en direct de toutes les pistes explorées.

Fiasco

Un fiasco douloureux que, 33 ans plus tard, les gendarmes de Besançon ont veillé à ne surtout pas reproduire. En verrouillant, avec la juge d’instruction, leurs investigations durant des semaines. Peut-être à l’excès.

Indices

Car au final, malgré ces lourds indices, il a fallu trois mois avant de placer Jonathann Daval en garde à vue et d’obtenir ses aveux. Le président Husson s’interroge sur ce très long délai. 

Éléments

« On voulait avoir tous les éléments, à 100 %, et fermer toutes les autres pistes », répond l’adjudant-chef Paredes. Mais pendant ces trois mois, il y a eu ces images de Jonathann Daval en veuf éploré et inconsolable, en particulier à la marche blanche et aux obsèques d’Alexia.

Recul

« Avec le recul, est-ce qu’aujourd’hui vous ne vous dites pas, au fond de vous-même, que vous auriez pu intervenir plus tôt ? Vous avez laissé pleurer Jonathann Daval devant la France entière ? 

Gêne

Cela ne vous gêne pas ? » , lance Me Gilles-Jean Portejoie, l’avocat des parents d’Alexia. « Évidemment. mais il nous fallait retenir des éléments probants », répète l’adjudant-chef Paredes.

Avocat 

L’avocat de Jonathann Daval, lui, reconnaît bien volontiers que, dès le début, son client a donné aux enquêteurs des éléments permettant de le soupçonner. 

Détails

« Il vous donne de multiples détails sur sa vie de couple, catastrophique. Il vous donne un mobile, ce sont quasiment des aveux », s’exclame Me Randall Schwerdorffer, en évoquant un « Petit poucet qui laisse beaucoup de traces ». 

Doutes

Une façon de suggérer que, derrière le Jonathann, criminel et dissimulateur en surface, il y avait aussi un homme pétri de doutes qui semait des petits cailloux pour qu’on arrive jusqu’à lui.

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