Affaire : Ettore Majorana
Affaire : Ettore Majorana
Ettore Majorana.
Ettore Majorana, physicien de génie, disparaît mystérieusement en 1938. Suicide, assassinat, enlèvement par des services secrets étrangers. Voire un refuge dans un monastère à la suite d’un sombre pressentiment : la physique serait en passe de se mettre au service de la violence la plus radicale...
Scientifiques
Il y a plusieurs catégories de scientifiques : ceux qui font de leur mieux, et ceux, de premier plan, qui font des découvertes importantes. Et puis, il y a des génies, comme Galilée et Newton, Ettore était de ceux-là Enrico Fermi
Articles
Collaborateur d’Enrico Fermi, Ettore Majorana écrivit neuf articles scientifiques empreints d’élégance et d’originalité. Certains ne furent compris qu’après la Deuxième Guerre mondiale.
Théorie
En 1933, peu de temps après la découverte du positron, il rédigea son dernier article, profond et prophétique. Il y propose une alternative à la théorie de l’antimatière formulée par Paul Dirac en 1931.
Symétrique
Cette "théorie symétrique de l’électron et du positron", selon laquelle chaque fermion neutre serait confondu avec son antiparticule, pourrait s’appliquer aux neutrinos, ainsi qu’à des particules prédites par les extensions supersymétriques du modèle standard, encore à découvrir.
Ettore Majorana
Ettore Majorana m’est “tombé dessus” lorsque je commençais mes études de physique. À lui seul, il incarne la contradiction la plus radicale qui fût jamais apportée à tout ce qui est ordinairement considéré comme ordinaire chez les physiciens.
Singularité
Il est une singularité pure, qui a surgi avec l’Italie des années vingt. Au moment où la physique venait d’accomplir sa révolution quantique et de découvrir l’atome.
Théoricien
Né en 1906, Majorana fut un théoricien fulgurant. Ses travaux sur l’atome et l’interaction nucléaire ont fait date. En 1937, il publia même un article prophétique dans lequel il envisage l’existence de particules d’un genre nouveau, qui pourraient résoudre la grande énigme de la matière noire.
Génie
Ce grand jeune homme maigre, aux yeux sombres et incandescents, était considéré comme un génie de la trempe de Galilée. Mais de tels dons ont leur contrepoids : Majorana ne savait pas vivre parmi les hommes, et c’est la pente pessimiste et tourmentée de son âme qui finit par l’emporter.
Disparition
Le 26 mars 1938, il prend le ferry pour Palerme. Juste avant d’embarquer, il poste une lettre pour son ami Carelli qui dit :
« Cher Carrelli, J’ai pris une décision qui était désormais inévitable. Il n’y a pas en elle la moindre trace d’égoïsme, mais je me rends compte des ennuis que ma disparition soudaine pourra causer, à toi et aux étudiants.
C’est pourquoi je te prie de me pardonner, et surtout pour avoir déçu toute la confiance, la sincère amitié et la sympathie que tu m’as montrées au long de ces mois.
Je te prie aussi de me rappeler au bon souvenir de ceux que j’ai appris à connaître et à apprécier dans ton institut, en particulier à Sciuti ; d’eux tous, je conserverai un affectueux souvenir, au moins jusqu’à onze heures ce soir, et, si cela est possible, même après. »
Il laisse une autre lettre à l’intention de sa famille qui est très claire :
« Je n’ai qu’un seul désir : que vous ne vous vêtiez pas de noir. Si vous voulez vous plier à l’usage, portez, mais pas plus de trois jours durant, quelques signes de deuil. Ensuite, si vous le pouvez, gardez-moi dans votre cœur et pardonnez moi. »
Malgré ces deux annonces épistolaires, il débarque pourtant à Palerme d’où il renvoie un télégramme à Carelli lui demandant de ne pas tenir compte de la précédente :
« Cher Carrelli,
J’espère que mon télégramme et ma lettre te seront parvenus ensemble. La mer m’a refusé et je reviendrai demain à l’hôtel Bologna, en voyageant peut-être sur le même bateau que ce mot.
J’ai cependant l’intention de renoncer à l’enseignement. Ne me prends pas pour une jeune fille d’Ibsen, car mon cas est différent. Je suis à ta disposition pour des détails ultérieurs. »
Mystère
Il reprend alors le ferry pour revenir à Naples, mais il ne descendra jamais du bateau. Son corps n’a jamais été retrouvé (et cela contredit les expériences tentées plus tard avec des mannequins qui sont toujours revenus sur les côtes grâce aux courants).
Passeport
On a découvert plus tard qu’il avait pris son passeport et vidé son compte en banque avant d’embarquer. Le Vatican n’a jamais répondu aux questions de sa famille qui supposait qu’il avait bénéficié de l’aide de moines pour passer en Amérique Latine. Des témoins l’auraient vu à Naples peu de temps après sa mort présumée…
Leonardo Sciascia
Tous ces arguments expliquent le succès du livre polémique de Leonardo Sciascia : la disparition de Majorana dans lequel il affirme avoir rencontré Majorana en Argentine où il aurait refait sa vie, loin de la physique et des laboratoires…
Décédé
Ettore Majorana, l'un des plus grands physiciens de tous les temps, est décédé en mars 1938 à l'âge de 31 ans. Depuis que des observations, des théories, des hypothèses, rien de concret. Jusqu'àu 4 février 2015, le parquet de Rome a validé l'hypothèse selon laquelle Majorana était encore en vie entre 1955 et 1959 et se trouvait au Venezuela sous un faux nom.
À gauche Ettore Majorana, le physicien de Catane né en 1906 et disparu dans les airs le soir du 27 mars 1938. À droite sa prétendue image en 1955. Pour le parquet de Rome, c'est la preuve que le scientifique ne s'est pas suicidé , il n'a pas été assassiné mais il a fui au Venezuela où il a vécu heureux pour toujours.
Enquête
L'enquête est partie d'un reportage reçu par le programme « Chi l'ha visto » et l'affaire a été suivie depuis 2005 par Pino Rinaldi.
Comment tout a commencé ?
« Chez Chi l'ha visto, nous nous occupons de personnes qui demandent de l'aide, mais nous sommes aussi un moyen de résoudre de grands mystères, comme celui d'Ettore Majorana. Alors en 2005, on s'est demandé ce qui lui était arrivé : suicide, tué, mort de maladie, retiré dans un monastère...»
Alors qu'as-tu fait ?
« Quelques mois après la diffusion du reportage sur Majorana, Francesco Fasani, un Italien émigré au Venezuela de 1955 à 1959, nous a appelés à la rédaction. »
« Je vais lui rendre visite à Nettuno, où il vit, et il me raconte que dans les années où il a émigré à Valence, au Venezuela, il avait rencontré un certain M. Bini et quelqu'un lui avait révélé que M. Bini était un scientifique très important, Ettore Majorana, arrivé au Venezuela depuis l'Argentine après la chute du régime péroniste. »
Pourquoi M. Fasani vous a-t-il appelé après si longtemps ?
« Parce qu'avant, il ne retrouvait pas la photo qu'il avait prise avec Bini. Il nous a dit qu'il avait été très difficile de prendre cette photo parce que Bini ne voulait pas être photographié et ne voulait pas parler de la famille.
« Il avait le comportement de quelqu'un qui cache quelque chose. »
Enquêtes du parquet de Rome ?
« Le parquet de Rome nous a appelés et nous les avons mis en contact avec M. Fasani et ainsi les enquêtes ont commencé, elles se sont poursuivies avec une expertise confiée au RIS qui a réuni le père de Majorana et les Bini sur la photo. »
« Finalement, le dossier avait été archivé et il a été déclaré que Bini est Majorana. »
Les proches de Majorana contredisent cette version ?
« Peut-être aurais-je les mêmes doutes que les membres de la famille, nous n'avons pas l'ADN de Majorana, mais l'analyse anthropométrique entre le père de Majorana et Bini sur la photo donne des résultats identiques. »
« Entre autres, choses, M. Fasani était de toute évidence une personne décente et sérieuse, pas un vantard. »
Qu’en avez-vous pensé au final ?
« Il est probable que Bini et Majorana soient la même personne. » Quoi qu'il en soit, "Qui l'a vu" reviendra parler d'Ettore Majorana, cherchera d'autres éléments et preuves, nous aimerions interviewer les membres de la famille, faire une analyse approfondie, aller au Venezuela.
Il nous faut répondre à d’autres questions : qu’ont fait Majorana/Bini de 38 à 55, l’Argentine des années 50 avait un programme nucléaire très développé...".
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